Le soleil se couchait paisiblement derrière les montagnes. La lumière se laissa alors peu à peu submerger par les Ténèbres et bientôt les derniers lueurs du jours disparurent au delà de l'horizon. Les couleurs chatoyantes qui avaient jusqu'à lors peint le ciel s'assombrissent et laissèrent alors de l'encre submergé la voûte céleste. Bientôt, d'innombrables éclats brillèrent de mille feux au dessus des hommes. Et en cette délicieuse nuit, la Lune se leva parmi les étoiles et veilla sur les mortels.
Aliénor n'avait pas perdu une seule seconde de ce spectacle qui se produit tout les soirs depuis la nuit des temps. Et la Louve savait, le jour où cela cessera, Amarethys aura périt. Mais d'ici là, la jeune femme n'arrêtera jamais ce petit rituel : admirer le couché de soleil et louer le joyaux lunaire le plus magnifique qu'il soit. Il fallait si peu pour émerveiller ce bout de femme aux airs de petit louveteau sortant tout juste de sa tanière. Le froid caressait la peu laiteuse d'Aliénor tandis qu'une brise jouait avec sa cape qui claqua au vent. La jeune femme frissonna et d'un geste gracieux, se remit sur pieds. Elle aurait bien voulut rester encore un peu, sur l'herbe tendre, à regarder le ciel étoilé. Mais la nuit était bien entamée et elle devait à présent trouver un endroit pour dormir et se réchauffer. Alors, telle comme une ombre parmi les Ténèbres, elle s'engouffra dans la forêt, sous le regard protecteur de la lune.
Elle était attentive aux moindre sons, aux moindre geste suspects. Les êtres qui rôdent dans cette forêt en plein milieu de la nuit sont peu fréquentable : animales sauvages, bandits, ... Aliénor tentait alors de faire le moindre bruit ; elle avançait d'une démarche féline et sa cape noire mouchetée de bleue effleurait à peine la terre, laissant échapper un bruit de froissement se perdre dans la pénombre. La jeune femme avait un air sauvage, voulant faire un avec la nature, avec les ombres... La discrétion, c'était son maître mot. Ne jamais se faire repérer, se méfier de tout, ainsi étaient ses intentions qui l'ont nourris depuis le massacre qui entraînera son père et sa mère. D'ailleurs, demain elle repartira pour Edinn, afin de revoir Théodren, son père adoptif, et les siens. Peut-être qu'elle croisera la route d'un habitant de ce village caché dans le versant nord de la Vallée ?
Aliénor trouva enfin un endroit tranquille pour passer la nuit. Les Ténèbres régnaient et seul les lueurs de la Lune perçaient l'obscurité. Les arbres avaient des airs imposants et effrayants avec leurs bras décharnés. Bien, ce n'était surement pas ça qui allaient déranger la Louve et aussitôt, elle ramassa du bois sec pour le feu. Elle installa ses affaires dans un coin et s'assit en face du tas de branches qu'elle avait déposé après sa cueillette. Elle fouilla ensuite son sac pour en sortir deux pierres. Des silex, sans aucun doute. Et c'est grâce à ces objets qu'elle put donner naissance à une braise qu'elle nourrit aussitôt avec du bois. Et telle comme une mère, elle veilla sur cet être nommé " Feu " qui allait être encore sa seule compagnie pour ce soir...
... Ou peut-être pas, qui sait ?
Fixant d'un air rêveur les flammes dansantes, Aliénor ne put s'empêcher de laisser échapper un chant d'une voix aussi douce qu'un zéphyr :
- Dans un monde si lointain
A la tombée du jour
Un petit enfant est né et a été élevé
Au fin fond d'une forêt dans un endroit caché
Sa mère n'a jamais vu son visage
D'anciens esprits de la forêt
L'ont fait roi des elfes et des arbres
C'était le seul être humain
Qui vivait en harmonie
En parfaite harmonie